samedi 25 novembre 2017

Le problème du week-end

Depuis que j'ai quitté l'université et terminé mes études en lettres modernes, je n'ai presque plus pris de vacances. Ma dernière pause remonte à décembre 2015 et avait duré une petite semaine, durant les fêtes de fin d'année. Je m'étais aussi arrêtée quinze jours en juillet 2013. Et c'est tout. De même, cela fait sept ans que je ne prends plus de week-end et me contente d'une journée d'arrêt par semaine. 

Je me suis jetée à corps perdu dans le travail et je ne regrette rien. Au contraire. Ce rythme drastique était nécessaire pour monter les marches et réussir à atteindre certains objectifs. J'avais des rêves énormes en tête, une ambition complètement folle et j'ai écrit, écrit, écrit à une cadence infernale durant des années. 

Le métier d'auteur est loin d'être de tout repos - même si l'on n'est pas à la mine, loin s'en faut. Mais on ne rêvasse pas non plus le nez en l'air, à attendre qu'une muse nous rende visite... pas plus qu'on ne rédige un livre en une semaine sous l'effet d'une inspiration divine. C'est une carrière, qui, comme toutes les professions artistiques, exigent beaucoup, beaucoup de sacrifices. Renoncer aux vacances, aux loisirs, aux sorties (et bien souvent à toute vie sociale...) en font partie. 

Mais qu'importe quand on est animé par la passion ! Ces renoncements ne m'ont pas coûté. Je ne suis pleinement heureuse qu'un clavier sous les doigts, à inventer des histoires, à les raconter à mes lecteurs. Cependant, je dois faire un aveu : après sept ans de ce régime spartiate, je commence à fatiguer. A la disparition de mon petit Viking, j'étais à la limite du burn out. J'ai exigé énormément de moi, pendant très longtemps...

Cela fait trois semaines que je prends des week-end qui durent deux jours. Comme tout le monde, en fait (ou presque). Malheureusement, je me sens très coupable. Je ne le vis vraiment pas bien. Je suis ravie d'être tranquille, de faire des petites choses qui me plaisent... mais je garde un petit goût amer en bouche. Je me dis que je devrais être à mon bureau, en train de travailler, au lieu de dessiner ou cuisiner... 

Je suis irrécupérable. C'est officiel. Et puis, je redoute que mon cas s'aggrave. J'ai peur de devenir incontrôlable et de prendre ensuite trois jours, puis quatre, puis cinq, et finalement de ne plus jamais retourner à mon bureau. Oui, j'ai des idées bizarres, parfois. En gros, je suis persuadée que je vais perdre ma célèbre détermination et me transformer en une petite chose toute molle sur mon canapé. Au secours ! 

Voilà ma nouvelle prise de tête. Je me prends le chou-chou. Bienvenue dans mon monde où même le week-end est une source d'angoisse !